L'Ina met en ligne la mémoire de la radio et de la télévision publiques

Publié le par nguyen duy quang, monique epstein

Par Estelle Dumout
ZDNet France
Jeudi 27 avril 2006

Stratégie - Son nouveau service de contenus à la demande repose sur 10.000 heures de programmes numérisés. Compatible avec Windows, Linux et Mac Os, il utilise le système DRM DivX pour protéger les contenus.

L'Institut national de l'audiovisuel (Ina) ouvre ses archives vidéo et audio au grand public. Lancé aujourd'hui, son nouveau service permet aux internautes de consulter une base d'archives vidéo et audio de plus de 100.000 émissions, soit un total de 10.000 heures de programmes. L'offre est alléchante : journaux télévisés des 30 dernières années, émissions phares comme Apostrophe, le Tribunal de l'Impossible, des grands moments de sport (Le Tour de France, Roland Garros) ou des programmes mythiques comme les Shadoks, les Rois maudits, Age tendre et tête de bois...

Ces documents proviennent principalement du service public car l'organisme ne détient pas les droits pour les chaînes privatisées. Pendant la phase de démarrage, le site proposera notamment l'intégralité du procès Papon en mai, en accès gratuit. Puis des rendez-vous thématiques autour du Festival de Cannes ou de Roland Garros.

 

À peine lancé, le site est déjà victime de son succès. Avec plus de 3 millions de requêtes de visiteurs, Ina.fr a été quasiment inaccessible une grande partie de la journée.

Des tarifs allant de 1 à 12 euros

«Ces 10.000 heures représentent la totalité de la diffusion de deux chaînes de télévision sur un an, mais seulement 10% du fond de l'Ina», précise Safia D'ziri, directrice des systèmes d'information de l'institut. 5.000 nouvelles heures de programmes viendront s'ajouter à l'offre actuelle chaque année. L'institut a investi 700.000 euros sur un an pour créer ce service, avec une équipe d'une dizaine de personnes. «Mais il s'appuie sur la continuité du travail de numérisation et d'indexation effectué depuis 5 ou 6 ans au sein de l'Ina», explique-t-elle.

Environ 80% des contenus sont visibles gratuitement, le reste peut être visionné en location ou téléchargé définitivement, selon une grille tarifaire allant de 1 euro pour les programmes courts (reportages de quelques minutes) jusqu'à 12 euros pour les émissions ou les séries les plus longues. Sur les revenus ainsi générés, 46% seront reversés aux ayants droit, 32% réinvestis par l'Ina dans la numérisation et la valorisation du patrimoine audiovisuel, et 22% doivent couvrir les différents frais financiers (TVA et autres taxes).

Un système de tatouage vidéo fourni par Thomson

Ina.fr bénéficie d'une présentation soignée, par thèmes, personnalités ou encore selon les époques; certains document remontant aux années 20. Complétée par un contenu éditorialisé, des services originaux (retrouver le JT du jour de sa naissance, pour les années après 1977, un parcours surprise, une fresque représentant l'histoire de la télévision et de la radio). La navigation est aisée et s'effectue par moteur de recherche, mots-clés associés, ou via un espace personnalisé et de partage.

Côté technologie, l'organisme se démarque de tout ce qui a été proposé, jusqu'à présent, en France en matière de service de vidéo. Le site est accessible sur les trois plates-formes Windows, Mac OS et Linux, et via les principaux navigateurs (Internet explorer, Firefox, Safari). Alors que la plupart des concurrents (Canal Play, Arte VOD...) préfèrent proposer des services uniquement compatibles avec les logiciels de Microsoft.

Par ailleurs, les fichiers vidéo sont encodés en MPeg-4. Pour les images gratuites disponibles sur le site, il faut télécharger le lecteur Quicktime. Pour les vidéos payantes, l'Ina a choisi de s'appuyer sur la technologie DivX. «Nous n'avons pas choisi Microsoft, car ils n'ont pas pied dans l'électronique grand public», poursuit Safia D'ziri.

Dans le cas d'une location (l'internaute dispose de 48 heures pour visionner le contenu sélectionné), le site a choisi un système de tatouage vidéo, pour sécuriser les contenus. Au moment du téléchargement, un code spécifique contenant le numéro de commande de l'internaute est inséré dans les images. «C'est une protection par information et prévention pour que les contenus ne soient pas diffusés sur les réseaux peer-to-peer.» explique la directrice.

Les diffusions illicites sur le peer-to-peer surveillées

La technologie de tatouage est signée Nextamp, une petite société rennaise rachetée en juillet dernier par Thomson. Le groupe français est partenaire de la société Advestigo, spécialisée dans la protection des droits d'auteurs sur internet, et qui développe des solutions de traçage des œuvres sur les réseaux peer-to-peer.

«Nous leur avons fourni une sélection de fichiers phares à surveiller, pour repérer s'ils sont rediffusés illégalement», poursuit la directrice. «A posteriori, si on retrouve des délits, nous sommes prêts à aller au contentieux pour défendre les intérêts des ayants droit.»

Dans le cas d'un achat (et sur certaines locations), les images sont toujours tatouées, mais une protection supplémentaire, avec la DRM  (système de gestion numérique des droits) Divx, est ajoutée. L'utilisateur doit alors disposer du lecteur DivX Player 6. Les fichiers peuvent aussi être lus sur toute platine DVD certifiée DivX.

En terme d'audience, le site Ina.fr recevait 350.000 visiteurs par mois avant le lancement de ce nouveau service. «Nous espérons multiplier notre audience par deux dans les trois prochains mois», précise Safia D'ziri. Le second objectif est d'atteindre l'équilibre financier. Pour l'instant, des partenariats d'audience ont été conclus, comme par exemple avec Yahoo qui indexe les contenus dans son moteur de recherche vidéo. Mais le site Ina.fr garde l'exclusivité de la diffusion des vidéos.

L'Institut n'exclut pas, à terme, de fournir éventuellement sa technologie à d'autres plates-formes, en marque blanche.

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